PASS, LAS, numerus apertus… et maintenant ? 5 raisons de tout repenser en étude de santé

Pendant des décennies, l’entrée en 2e année des études de santé était régie par le numerus clausus, un quota national strict qui favorisait une compétition féroce et souvent traumatisante pour les étudiants.

En 2020, une réforme majeure a introduit le numerus apertus : chaque université, en lien avec l’ARS (Agence Régionale de Santé), définit désormais son propre nombre de places en deuxième année de médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie ou kinésithérapie.

L’objectif ? Diversifier les profils, ouvrir les parcours avec deux nouvelles voies d’accès, PASS et LAS, et mieux répondre aux besoins des territoires.

Mais cinq ans plus tard, les limites du système apparaissent nettement :

  • surcharge des universités,
  • épuisement des équipes pédagogiques,
  • stress des étudiants,
  • et inégalités croissantes entre établissements.


Ce constat a conduit la conférence des doyens, soutenue par de nombreux enseignants et étudiants, à appeler à une révision profonde du dispositif.

Dans ce contexte, le gouvernement a annoncé sa volonté de supprimer le numerus apertus. Le projet sera discuté le 17 juin 2025, date qui pourrait marquer un tournant décisif pour les études de santé en France.

Face à ce constat partagé par l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur et de la santé, il devient urgent d’agir.

Voici les 5 raisons principales qui rendent indispensable une nouvelle réforme des études de santé en France.

1. Des universités à bout de souffle

Depuis l’instauration du numerus apertus en 2020, les universités doivent assumer un afflux massif d’étudiants en première année, sans bénéficier de moyens supplémentaires à la hauteur. Les amphithéâtres sont surchargés, les équipes pédagogiques sont saturées, et les infrastructures souvent inadaptées à l’accueil de promotions aussi importantes.

Les enseignants doivent jongler entre la transmission des connaissances, le suivi individualisé des étudiants (lorsqu’il est possible), les évaluations fréquentes et, dans certaines universités, l’organisation d’oraux ou de dispositifs d’accompagnement. Beaucoup dénoncent un épuisement professionnel croissant, avec une perte de sens de leur mission.

Au-delà du simple manque de moyens, c’est la capacité du système universitaire à garantir une formation de qualité qui est aujourd’hui en jeu. Et dans une filière aussi exigeante que celle de la santé, cela pose une vraie question de fond : peut-on former plus de soignants sans former moins bien et sans investir massivement ?

2. Un système devenu illisible pour les étudiants

Avec l’arrivée des parcours PASS et LAS, la sélection en santé devait devenir plus ouverte, plus diversifiée, plus humaine. En réalité, le système est devenu opaque et anxiogène pour de nombreux étudiants et familles.

Chaque université applique ses propres règles : certaines sont orientés davantage apprentissage par cœur, d’autres apprentissage scientifique, certaines organisent des oraux très sélectifs, d’autres non ; certaines favorisent les LAS 2 ou 3, d’autres limitent leur accès. Résultat : une absence de lisibilité nationale, qui complique les choix d’orientation dès le lycée.

Les lycéens sont aujourd’hui contraints de faire des choix stratégiques sans avoir une vision claire de ce qui les attend, et ce flou se poursuit même une fois dans l’enseignement supérieur. Cette incertitude renforce la pression psychologique et augmente les inégalités entre les candidats, notamment entre ceux qui sont bien conseillés et ceux qui ne le sont pas.

3. Des inégalités territoriales croissantes

L’un des grands principes du numerus apertus était de permettre aux universités de mieux adapter leurs capacités d’accueil aux réalités locales. Mais dans les faits, cela a engendré des écarts importants entre établissements, et donc entre étudiants.

Certaines universités disposent de moyens suffisants pour accueillir, former et accompagner de nombreux étudiants ; d’autres peinent à assurer l’encadrement nécessaire. Par ailleurs, les taux de sélection pour l’accès en deuxième année varient parfois du simple au double selon les facultés, sans toujours que cela repose sur des différences objectives de niveau.

Cette hétérogénéité crée un sentiment d’injustice chez de nombreux étudiants. Deux candidats de niveau équivalent peuvent avoir des chances d’admission radicalement différentes, simplement en fonction de leur affectation Parcoursup ou de leur localisation géographique.

À terme, cette dynamique menace la cohésion du système universitaire et renforce les inégalités sociales et territoriales, dans une filière qui se veut pourtant méritocratique.

4. Un pilotage national incohérent

La question de la démographie médicale est aujourd’hui au cœur des préoccupations publiques : désertification de certaines zones, manque de généralistes, tensions dans les hôpitaux. Pourtant, la planification de la formation des soignants reste éclatée, sans véritable vision d’ensemble.

Avec le numerus apertus, chaque université fixe son propre nombre de places, en lien avec l’ARS (Agence Régionale de Santé). Mais ce fonctionnement par silos ne permet pas de répondre efficacement aux besoins globaux du système de santé français. Il n’existe pas de stratégie nationale cohérente entre les besoins de santé, les capacités de formation et les perspectives d’emploi.

Les doyens eux-mêmes, dans leurs prises de parole récentes, appellent à un pilotage plus structuré et centralisé, capable d’aligner les ambitions de formation avec la réalité du terrain. La formation des futurs soignants ne peut pas reposer uniquement sur des équilibres locaux, surtout dans un pays confronté à des enjeux de santé publique de plus en plus pressants.

5. Le risque de sacrifier la qualité à la quantité

Former davantage de professionnels de santé est devenu une priorité politique. Mais former plus ne doit pas signifier former moins bien. Or, c’est aujourd’hui le risque principal pointé par les enseignants, les doyens, et même les étudiants eux-mêmes.

Le système d’admission post-bac reste extrêmement sélectif, mais l’accompagnement pédagogique s’est détérioré. Beaucoup d’étudiants se sentent livrés à eux-mêmes, avec peu de soutien, peu de retours personnalisés, et une forte pression continue pour réussir une première année déjà redoutée.

Certains établissements ont mis en place des dispositifs d’aide, des tuteurs ou des modules de méthodologie, mais ces initiatives restent très inégales selon les universités.

Or, dans un contexte où l’on attend des soignants qu’ils soient à la fois compétents, empathiques, formés à la complexité du terrain et aux attentes des patients, il est indispensable de garantir un cadre d’apprentissage stable, exigeant mais aussi bienveillant.

Réformer, c’est aussi redonner à chaque étudiant les conditions de réussite qu’il mérite.

En bref,

La réforme PASS/LAS n’est pas un échec total, mais elle est aujourd’hui à bout de souffle. Le numerus apertus, pensé pour ouvrir, a paradoxalement accentué les tensions : surcharge universitaire, perte de lisibilité, inégalités croissantes, et décrochage progressif de la qualité de la formation.

Le constat est désormais partagé par une large majorité d’acteurs : doyens, enseignants, étudiants, et institutions de santé. Une nouvelle réforme est indispensable, non pas pour revenir en arrière, mais pour construire un modèle plus juste, plus cohérent, plus soutenable.

Le 17 juin 2025, le projet de suppression du numerus apertus doit être examiné. Cette date pourrait marquer un tournant majeur dans l’histoire des études de santé en France.

Mais cette réforme ne pourra réussir que si elle s’accompagne d’une vision nationale claire, et surtout de moyens financiers à la hauteur des ambitions.

Car former plus de soignants, c’est bien.
Mais former mieux, partout, pour tous, c’est indispensable.

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